C’est par le cirque de Salazie que nous avons commencé notre découverte de l’Ile de La Réunion, et c’est par un autre cirque, celui de Mafate, que nous poursuivons notre exploration. Ce dernier est le plus sauvage et le moins fréquenté des trois cirques, probablement parce qu’il n’est accessible qu’à pied par des sentiers (ou par les airs en hélicoptère), mais aucunement par voie routière : il n’y a pas de route, et la nature y est souveraine.
Nous avons décidé d’y passer quatre jours / trois nuits, afin de profiter un maximum de cet endroit atypique. Nous nous sommes vite rendu compte que pouvoir bénéficier d’un cadre aussi authentique se mérite ! Ces quatre jours de randonnée dans le sud de Mafate ont été éprouvants physiquement, et je me suis parfois dit que ce n’était pas pour nous, peu sportifs. Mais finalement, marche par marche, étape par étape, nous avons poursuivi et suivi l’itinéraire que nous nous étions fixé.
Il existe plusieurs parcours détaillés dans les guides ou sur internet, plus ou moins difficiles, sur une journée, ou plusieurs. Attention, sur place, les panneaux indiquent des temps de marche pour de bons randonneurs, et sans sac à dos. En ce qui nous concerne, nous dépassions à chaque fois les temps prévus ! On va mettre l’excuse sur les sacs à dos chargés du matériel photo et vidéo, et sur la chaleur !
Du col des Boeufs jusqu’à La Nouvelle
Nous quittons notre chambre à Hellbourg en voiture (avec un sandwich dans le sac à dos), pour aller nous garer au parking du col des Boeufs, situé à 1h de route environ. L’itinéraire que nous avons choisi forme une boucle : c’est donc ici le point de départ et d’arrivée de notre randonnée de 4 jours.
Infos pratiques :
- Parking du Col des Boeufs : payant (12€ / nuit) et surveillé.
Ce premier jour dans le cirque nous mènera jusqu’à l’ilet La Nouvelle. C’est une première étape sans trop de difficulté, et un parcours choisi par les randonneurs qui ne restent qu’un jour à Mafate, l’aller-retour pouvant être fait dans la journée. La durée prévue est de 2h. Nous en mettrons trois, essentiellement en descente. Il faut dire que les mollets tirent un peu par rapport aux deux jours précédents : on y va tranquillement !
Depuis le parking, nous marchons un peu pour arriver au col des Boeufs proprement dit. C’est sous le va-et-vient des hélicoptères livrant les vivres aux habitants que nous démarrons, avec une belle vue sur la partie sud du cirque. La randonnée commence par une descente, avec de hautes marches. Ici, la végétation est sèche mais dense, composée d’arbustes.
Ensuite, nous passons par la magnifique plaine des Tamarins, au milieu de ces arbres au lichen suspendu à leurs branches, tel des cheveux emmêlés. C’est magique et envoutant !
♥♥♥ Coup de coeur pour le paysage singulier de la plaine des tamarins. ♥♥♥
En continuant, nous traversons une plaine dégagée et une clairière. Puis, nous prenons un chemin qui semble moins utilisé, et qui passe par le plateau des chênes, ceux-ci formant une jolie forêt.
Une averse nous accueille à l’ilet de La Nouvelle, ce petit village avec des maisons dispersées sur le plateau. Nous mangeons nos sandwiches à l’abri, sous nos larges ponchos imperméables. Lorsqu’il est l’heure, nous nous installons dans notre chambre pour nous reposer, et mieux se balader par la suite dans l’ilet. Nous empruntons de petits chemins pour accéder à un point de vue, entourés de chèvres et de boucs. Pour le retour, c’est passage par un enclos avec des moutons, et un âne un peu trop affectueux, voulant se frotter à nous ! Pour se remettre de nos émotions, nous prenons un apéro au « Bistrot des songes ».
Encore une fois, le diner (au gite) est excellent et copieux, l’accueil très agréable. Mais nous ne nous éternisons pas, la fatigue se faisant sentir.
Infos pratiques :
- Parking du col des Boeufs à La Nouvelle : 4,5km, 100m de dénivelé positif, 520m dénivelé négatif, 3h (pour une durée indiquée de 2h).
- Gite Chez Yvon Gravina : 35€ la chambre avec sdb et toilettes partagés + 18€/pers pour le diner + 7€/pers pour le petit déjeuner. Attention, il faut réserver le repas 48h à l’avance, et il n’y a pas de prise dans la chambre.
Anecdote : il y a plusieurs écoles dans le cirque de Mafate, la plupart à une seule classe. Celle de La Nouvelle est composée de 2 classes (de la PS au CP ; du ce1 au cm2). L’emploi du temps est particulier, puisque les élèves ont cours toute la journée le mercredi. En revanche, ils ne vont en classe ni le lundi matin, ni le vendredi après-midi : en effet, les enseignants font le trajet à pied jusqu’à La Nouvelle lors de ces demi-journées !
De La Nouvelle jusqu’à Roche-Plate
Personnellement, j’appelle cette journée « la journée de la galère », et encore, c’est faible. Je me demande si ce ne fut pas la pire journée de tous mes voyages…! Je vous explique pourquoi.
Nous nous levons de bonne heure et de bonne humeur, et partons guillerets pour cette belle journée de randonnée. Sauf qu’une heure après, nous sommes toujours dans l’ilet de La Nouvelle, car nous ne trouvons pas le sentier qui mène à la rivière des galets (en écrivant cet article, je me dis que le chemin n’est pas indiqué parce que ce n’est pas le plus facile…).
Une fois trouvé, nous descendons jusqu’à la rivière des galets : la végétation est dense, c’est abrupt (et clairement dangereux en cas de pluie), des lignes de vie sont présentes pour éviter de tomber. Il est tôt le matin, et ce versant est à l’ombre ; heureusement parce que le soleil tape déjà fort. Nous ne croisons qu’un couple, avec un guide. En bas, à la rivière, le cadre est chouette, on peut s’arrêter au bord de l’eau et s’y baigner.
Pour continuer, il faut traverser la rivière à plusieurs reprises : c’est un peu difficile et long pour moi, alors que Luc (qui a davantage d’équilibre, et confiance en ses capacités) passe facilement de roche en roche… jusqu’à ce qu’il mette le pied dans l’eau en voulant m’aider !
Il faut maintenant gravir le Bronchard, sommet de montagne. Et c’est vraiment là que la galère commence : l’ascension se révèle très compliquée et dangereuse, sous un soleil de plomb. Je n’exagère pas : en arrivant au gite le soir, on apprend que certains randonneurs ont déjà chuté et sont décédés. D’ailleurs, il n’y a aucune photo de cette étape, tellement nous étions pris dans l’effort et concentrés…!
Nous voyons bien un panneau d’indication au pied du Bronchard, mais je me demande si on n’a pas loupé quelque chose , et si nous ne nous sommes pas trompés de sentier. Luc maintient que non, malgré la montée difficile, très pentue à certains endroits, limite à faire de l’escalade, entouré de vide des deux cotés, sans protection, ni ligne de vie. On n’en peut plus ! Heureusement, il y a un peu d’ombre grâce à quelques arbres : l’occasion de se reposer et de reprendre notre souffle. Au 3/4 du trajet, nous nous accordons une pause un peu plus longue sous les cryptomerias (arbres épineux). Le reste de la montée est correcte ensuite. La grosse croix blanche indique l’arrivée au sommet, d’où l’on voit notre point de départ (La Nouvelle), et notre point d’arrivée (Roche-Plate).
Il faut maintenant descendre un peu (oh, joie ! un tuyau d’arrosage automatique pour nous rafraichir !). Roche-Plate est constitué de deux hameaux : celui de l’église, et celui de l’école, où nous logeons. Il nous faut encore marcher 15-20 minutes pour y arriver. En tout, cette randonnée / escalade nous aura pris 6h.
L’office « Explore La Réunion », avec qui nous avons réservé l’hébergement, nous contacte parce que le gite initialement choisi est fermé. Nous sommes donc relogé au gite « Chez Juliette ». La vue depuis la terrasse est splendide, nous en profitons, seuls. Ensuite, nous sommes entassés dans un dortoir (avec une bande de ronfleurs sympathiques), alors que toutes les autres chambres sont vides… Juliette n’est pas ce qu’on peut appeler une boute-en-train, et son diner ne sera pas le meilleur de notre séjour. Mais nous sommes satisfaits d’être arrivés sains et saufs, et de pouvoir dormir dans un lit, après cette folle journée !
Infos pratiques :
- De La Nouvelle à Roche-Plate par le Bronchard : 320m de dénivelé positif (quoi seulement ??? Oui, mais sur une courte distance, ce n’est pas rien !), 730m de dénivelé négatif, 6h (pour une durée indiquée de 3h30).
- Sentier à absolument éviter en cas de pluie, de vertige, et de mauvaise condition physique.
- Il est possible de rejoindre Roche-Plate depuis La Nouvelle en passant par Trois-Roches.
- Gite « Chez Juliette » : 18€ le lit dans un dortoir de 8 personnes. 20€/pers pour le diner. 5€ le sandwich. 7€ le petit déjeuner.
- Attention : paiement en espèces uniquement.
- Il y a des prises (point positif, car rare dans les gites à Mafate), mais peu et en temps limité.
MAFATE EN VIDÉO (Partie 1)
De Roche-Plate jusqu’à Marla, par les Trois Roches
L’objectif de cette journée est d’atteindre l’ilet de Marla, en passant pas Trois-Roches.
On débute en traversant l’hameau jusqu’au panneau indiquant le sentier, et nous voilà au pied d’une belle montée. On longe le rempart, qui forme le contour du cirque, marchant sur les crêtes, pour redescendre ensuite le long d’une ravine jusqu’à Trois Roches. Quelques pas avant d’y arriver, nous nous désaltérons à la Tisanerie des Trois-Roches. Le patron est sympa, et sportif, puisqu’il a déjà fait la diagonale des fous, en 30h. Il habite ici : les ilets de Mafate sont déjà isolées, et lui habite encore plus seul ici, au milieu de nulle part, sans voisin !
Nous arrivons à Trois-Roches en 3h30 de marche. Nous sommes au sommet d’une grande cascade dont on ne peut voir le fond, car il ne faut pas trop s’approcher. Il n’y a pas de barrière, et c’est profond. La roche au sol est polie par l’eau et l’érosion, elle a une teinte blanche, et une forme de vaguelettes. C’est assez inaccoutumé.
Nous prenons le temps de pique-niquer vers la cascade, de prendre des photos et de filmer (1h), puis repartons en direction de Marla.
Le paysage diffère de celui traversé dans la matinée : roche volcanique et éboulis, moins de végétation. La pluie qui nous accompagne donne une ambiance de terre oubliée. A la fin du parcours, il faut monter une petite portion escarpée au milieu des cailloux.
♥♥♥ Coup de coeur pour ce paysage volcanique, entre Trois-Roches et Marla. ♥♥♥
Au bout de 2h, nous arrivons à Marla, où nous peinons à trouver le gite. Lorsque c’est fait, nous ne visitons pas cet ilet disséminé (le plus élevé du cirque) parce qu’il pleut beaucoup trop, et nous sommes déjà pas mal mouillés !
Un constat : cette randonnée fut largement plus accessible que la veille !
Nous nous régalons du repas préparé par Yolande, qui est une hôte agréable.
Infos pratiques :
- Roche-Plate jusqu’à Marla : 910m de dénivelé positif, 330m dénivelé négatif, 6h30 (pour une durée indiquée de 5h).
- Gite Chez Yolande Hoareau : 42€ la chambre avec sdb et toilettes partagés à l’extérieur (pas très pratique, surtout quand il pleut) + 70€ pour 2 repas, 2 petits déjeuners, 2 sandwiches. Attention, il faut réserver le repas 48h à l’avance, et il n’y a pas de prise dans la chambre.
De Marla jusqu’au col des Boeufs
Cette dernière étape dans le cirque de Mafate est courte.
Au début de la randonnée, il y a deux passages à gué à franchir. L’un des deux se trouve dans un cadre charmant : une petite cascade, de gros rochers, et des arbres ombrageant le tout. Il faut ensuite remonter pendant quelques temps pour arriver à la plaine des Tamarins, et reprendre le chemin déjà emprunté le 1er jour (mais dans l’autre sens), jusqu’au col des Boeufs. La montée est longue (la descente à l’aller l’était moins, c’est étrange !?!). Une fois arrivés au sommet, nous trouvons le chemin jusqu’au parking interminable, mais c’est portée par l’adrénaline que je finis en courant et en doublant quelques randonneurs (pas peu fière, la fille !).
Infos pratiques :
- Marla jusqu’au parking du col des boeufs : 4,2 km, 540m de dénivelé positif, 280m dénivelé négatif, 3h30 (pour une durée indiquée de 2h45).
Nous sommes soulagés (enfin, surtout moi !), car ces 4 jours à gambader sur des terrains vallonés et escarpés, ont été bien fatigants.
♥♥♥ Coup de coeur pour le cirque de Mafate, lieu singulier, perdu sur une ile, elle-même perdue au milieu d’un océan. L’impression d’être au milieu de nulle part, entouré de nature et de paysages changeants. Ce cadre se mérite ! ♥♥♥
Infos pratiques :
- En basse saison, la réservation des hébergements n’est pas forcément nécessaire (si vous ne souhaitez pas le diner), il y a la plupart du temps de la place. Hormis les week-ends, puisque les locaux aiment faire de la randonnée dans les cirques, et les gites sont alors pris d’assaut !
MAFATE EN VIDÉO (PARTIE 2)
Et le voyage continue…
Heureusement, la suite de notre séjour sera moins physique et plus reposant !
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